Et si c'était moi, et six c'était lui ? :
Un homme en voyage à Dublin assiste en direct à un enlèvement à Dinan par le biais d'une simple webcam. Aussi surpris qu'abruti par l'alcool d'une soirée d'Halloween trop arrosée, il préfère oublier et croire un peu facilement à une mauvaise blague, une sordide mise en scène. Hélas, quelques jours plus tard, de retour en Bretagne, il apprend par la presse locale la disparition bien réelle d'une jeune femme. Un soir, quelqu'un frappe à sa porte... C'est son nouveau voisin, un monstre de plus de deux mètres qui ressemble comme deux gouttes d'eau à l'agresseur aperçu sur Internet. Il ne le sait pas encore mais il vient de rencontrer le diable en chair et en os…
Type : Polar
Auteur : Cédric Lesueur
Editeur : Deslivresetnous.com
Numéro ISBN : 9782953131017
Nombre de pages : 266
Format : 11 X 18
Début de l'histoire :
Dublin, 31 octobre 2004 ... Dans le hall de l'hôtel Bridge House, au cœur de Temple Bar, confortablement assis sur un canapé d'un violet de mauvais goût, j'attendais tranquillement mon collègue de chambrée. Il était un peu plus de 23 heures, nous avions déjà bu et mangé plus que de coutume dans un restaurant avoisinant, mais la soirée ne faisait que commencer. Dehors, il pleuvait comme d'habitude depuis notre arrivée et le vent s'était levé brusquement, moi aussi… J'en avais marre d'attendre Nathanaël qui s'était éclipsé quelques instants pour se refaire une beauté, un peu, et pour changer de pantalon, surtout. Un geste maladroit, le mien, hélas, l'avait souillé de sauce bolognaise, si bien qu'il semblait ensanglanté, touché à la cuisse et dans son amour-propre… Tant pis, quelques pintes de Guinness suffiraient sûrement à apaiser sa rancœur et ma soif par la même occasion. En attendant, l'air penaud, je me dirigeai vers la borne Internet qui jouxtait la réception à côté de l'escalier. Là, sans conviction, je cherchai un site sur Dinan, à croire que j'avais le mal du pays, pourtant nous n'étions partis que depuis trois jours. A part quelques nouvelles banales et bancales, je ne trouvais rien de palpitant puisque je ne cherchais rien de particulier. Alors, avant de me déconnecter, je cliquai une dernière fois au hasard sur la webcam qui surveille la Place Duclos, le cœur de la cité médiévale. On l'avait nommée ainsi en l'honneur du deuxième personnage le plus connu de l'histoire locale… Après Duguesclin, bien sûr, dont l'esplanade et la statue se trouvaient elles-mêmes à quelques hectomètres. Duclos, lui, avait été académicien, grammairien, moraliste, historien et parfois même romancier. C'est beaucoup pour un seul homme et si j'avais pu être ne serait-ce que l'un d'eux, je m'en serais contenté. Des images saccadées de sa place se succédaient, et moi, à ma place, je ne voyais rien de bien palpitant si ce n'est quelques voitures roulant à vive allure. Alors que j'allais fermer la fenêtre devant ce spectacle qui me laissait de glace, je vis soudain quelque chose d'étrange et d'inquiétant à la fois. Sous mes yeux, à quelques centaines de kilomètres pourtant, une jeune femme venait de se faire enlever… C'est du moins ce que je crus, tant la mauvaise qualité de l'image rendait la scène encore plus surréaliste qu'elle ne l'était. Je vis un type énorme l'attraper brusquement et l'emmener aussi rapidement que violemment dans une espèce de camionnette blanche garée à quelques mètres, puis plus rien... La séquence, qui durait à peine trente secondes, recommença au début et repassa continuellement jusqu'à ce qu'une autre prenne sa place. Je la vis ainsi sept fois jusqu'à la dernière, et je crus bien reconnaître le ravisseur qui n'avait rien de ravissant. Ce type, je l'avais déjà croisé à Dinan, j'en étais persuadé, même si je ne savais plus où… Un physique pareil, ça ne s'oublie pas, ça ne s'invente pas. Quant à la femme, je crois bien que je ne l'avais jamais vue, sinon, je m'en serais souvenu aussi. Elle était belle, blonde, fine, élégante, si bien qu'entre les mains du ravisseur elle ne semblait plus qu'une allumette prête à craquer… Je ne sais pas pourquoi, mais je n'ai rien voulu dire à Nathanaël. Je croyais ne pas être vraiment sûr de ce que j'avais vu, et puis, après tout, ce n'étaient pas mes affaires ni encore moins les siennes. C'était un ami qui travaillait dans la même boîte d'informatique que moi, lui était développeur et moi hot-liner. On était faits pour s'entendre, enfin je l'écoutais souvent développer de longues théories, parfois un peu téléphonées… Tant pis, j'étais déjà à moitié saoul, il fallait finir le travail, c'était la soirée d'Halloween et nous avions couru un marathon le matin même. De bonnes raisons d'errer dans quelques pubs bruyants, puis de finir la nuit épuisés dans une boîte quelconque. Malgré la pluie qui persistait, l'ambiance battait son plein et les filles étaient parfois belles et pleines de promesses, les unes déguisées en fées, les autres en sorcières. Le bien et le mal, auxquels s'ajoutaient d'autres accoutrements moins évidents : majorettes, soldates, infirmières et que sais-je encore. Des femmes en uniforme aux formes rebondies, souvent ivres, parfois vulgaires mais toujours sexy, qui se dépensaient sans compter dans un tourbillon d'insouciance. Cette nuit-là, une fois n'est pas coutume, j'en embrassai une et me permis même quelques familiarités avec elle. Hélas, celle qui s'était laissée choir pitoyablement dans mes bras était anglaise et laide de surcroît, comme quoi on ne fait pas toujours ce qu'on veut dans la vie. Le lendemain, heureusement, je me réveillai seul mais avec une belle gueule de bois quand même. Après une douche froide et un café chaud, Nathanaël et moi partîmes le cœur léger visiter les monuments les plus pittoresques de la capitale irlandaise. Nous parcourûmes en boitillant celle que les Vikings nommèrent Dubh Linn, " l'étang noir ", du nom d'un des bassins versants de la Liffey. Au bout de quelques minutes, nous assaillîmes bravement comme bien d'autres touristes étrangers, le célébrissime Dublin Castle, un château anglo-normand du XIII ème siècle situé au cœur de la vieille ville. De guerre lasse, on se percha en haut d'un car touristique qui traversa plusieurs fois la ville, cherchant les traces de Jonathan Swift, Oscar Wilde, James Joyce ou encore Samuel Beckett. Après quoi, enfin, place aux vrais symboles de l'Irlande, du moins ceux que l'on connaissait le mieux : la manufacture Guinness et la distillerie Jameson. Là-bas, nos papilles gustatives dégustèrent sans modération les produits locaux durant toute la fin de l'après-midi. Ensuite, nos esprits bien échauffés se calmèrent momentanément à la lecture du livre de Kells, qui n'est pas un catalogue, comme certains pourraient le croire, mais le plus beau manuscrit enluminé au monde. Réalisé avec dévotion par des moines plus celtiques que sceptiques vers l'an 800, il contient les quatre Évangiles du Nouveau Testament. Tiens, à propos de testament… Quelques heures plus tard, l'idée me traversa que je n'avais toujours pas fait le mien sous les soubresauts du supersonique qui nous ramenait à Paris. Nous voyant perturbés par les turbulences, une hôtesse de l'air un peu échauffée nous proposa quelques rafraîchissements. Malgré le séjour, mon anglais ne s'était pas amélioré d'un pouce, comme elle me le confirma maladroitement. En effet, alors que je lui avais demandé posément un Coca Cola light, la jeune femme m'offrit un Gin tonic qui alla, une fois n'est pas coutume, se renverser sur mon voisin de droite. Entre deux secousses, ce dernier, qui n'était autre que Nathanaël, me murmura dans un de ces élans de philosophie dont il a le secret:
_ C'est bien avec toi quand on voyage, il y a toujours à boire et à manger…
Le reste de la traversée se poursuivit sans autre indicent majeur à déplorer, si ce n'est que je m'ennuyais ferme, collé à mon siège dans cet espace confiné. Et moi qui croyais naïvement jusqu'alors que s'envoyer en l'air était bien plus enivrant…
Le mardi matin, en retournant au travail, j'avais forcément le cœur gros à l'idée de retrouver mon quotidien qui n'avait rien de passionnant. En passant par le centre de Lanvallay, la petite commune située à l'est de Dinan où j'avais élu domicile, mon regard se posa distraitement sur l'affiche quotidienne et jaune du Ouest France placardée devant le bureau de tabac. C'est alors que, brusquement, tout s'emballa dans ma tête. " Une jeune femme disparaît à Dinan ": c'est ce titre racoleur qui me rappela durement à la réalité. Et dire que j'avais presque oublié ces images pourtant lourdes de conséquences…
Critiques de la presse et avis des internautes :
"Le deuxième opus, macabre à souhait, est un livre plein d'action et d'humour facile à dévorer..."
"Un héros qui sort du lot, un polar plein d'humour, un style pour le moins efficace. Objectif atteint pour ce nouvel auteur de polars qui ne se la raconte pas".
LE PETIT BLEU. 28/02/2008.
"San Antonio, côté jeux de mots; mais du Fred Vargas côté intrigue. Les connaisseurs apprécieront."
OUEST-FRANCE. 19/02/2008.
Extrait :
_ Bonjour, je suis le docteur Perron ! Comment allez-vous ?
Je sentis un bref courant d'air : quelqu'un venait d'enlever brusquement le drap qui recouvrait mon corps nu et rafistolé.
_ Je vous le dirai quand vous me l'aurez dit vous-même.
_ Voyons cela ! Respirez bien fort…
J'essayai, mais cela me faisait très mal, j'allais le lui dire quand il enleva d'un coup sec ce que je pensais être une compresse.
_ C'est incroyable !
Dingue, inouï, rarissime, insolite, formidable, paranormal … furent autant de qualificatifs et autres superlatifs qui fusèrent de-ci, de-là. Immobile, le dos tourné aux rumeurs, j'entendis même quelques téléphones portables photographier ce que je ne voyais pas… Et moi qui croyais naïvement que les mobiles perturbaient le bon fonctionnement des appareils médicaux…
_ Excusez ma curiosité… mais que voyez-vous de si étonnant ?
Peut-être avais-je tout simplement les plus belles fesses du monde ?
_ Oh ! pardon… je vous oubliais. Nous avons dû extraire un morceau de bois assez impressionnant de votre dos. Vous avez la deuxième et la troisième vertèbre lombaires fracturées. En l'absence de lésions neurologiques, j'ai pu réduire et stabiliser vos fractures par traitement orthopédique.
_ Donc, je vais pouvoir remarcher ?
_ Oui, bien sûr, c'est une opération courante… Vous avez eu beaucoup de chance, la moelle n'a pas été touchée.
_ Mais alors, qu'y a-t-il de si extraordinaire ?
_ Pas grand-chose, si ce n'est que vous aviez aussi une plaie ouverte assez profonde au niveau des vertèbres dorsales … Là, vous sentez ?
Je le sentais mal, il pointa du doigt là où ça faisait mal. Quel tortionnaire, ce type !
_ Oui, c'est dou… aïe ! lou… aïe ! reux… lui dis-je en serrant les dents et les fesses jusqu'à ce qu'il arrête ses palpations inutiles.
_ C'est normal, j'ai dû vous faire quarante-huit points de suture…
_ Effectivement, c'est beaucoup, non ?
Je n'avais encore jamais eu de points de suture de ma pauvre existence, alors quarante-huit… je n'en étais pas peu fier.
_ Oui et non, pas tant que ça… Le plus étrange, c'est la forme de votre plaie qui sera aussi la forme de votre cicatrice… Quel est votre chiffre préféré ?
_ Le 22. Pourquoi ?
J'avais dit cela spontanément, croyant bêtement que le destin me ferait enfin une fleur.
_ Dommage… C'est un 6…Vous savez comment ça vous est arrivé exactement ?
_ Non, tout ce dont je me souviens, c'est d'avoir été balancé contre une armoire…
_ Des marques de ce type ne peuvent être qu'intentionnelles… Le coup a pu vous être porté après…
_ Je n'en sais rien… Et vous pensez que ça va disparaître avec le temps ?
_ Non, désolé, mais j'ai bien peur que cette cicatrice vous suive toute votre vie…